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Karakol, Kirghizstan, Mai 2014. Ces guérites Coca-Cola me rappellent les cases en béton Kit-Kat que j’avais découvertes en plein milieu des rizières du sud de l’Inde il y a une dizaine d’années. En dépit du store Coca, cette boutique n’a – pas plus que les autres – grand chose à offrir. Quelques laitages, du chocolat russe, du pain élastique, des produits d’hygiène de première nécessité. Un voyageur anglais cherche des mouchoirs en papier. Je finis par me souvenir – pour avoir été enrhumée en Russie dix mois avant – qu’on appelle ça servietka. Mais c’est finalement dans une pharmacie qu’on trouvera notre bonheur.

Lac Issyk-Kol, Kirghizstan, Mai 2014. Nous roulons depuis une heure à destination du lac Issyk-Kol lorsque nous tombons sur cette étagère de miel. De l’autre côté de la route, une baraque où j’achète une grosse alvéole, dont la dégustation est une pure jubilation. Une fois le miel sucé avec avidité, je plaque les chaînes d’hexagones contre mon palais… Il n’y a pas chewing-gum plus bio.

Naryn, Kirghizstan, Mai 2014. Nous revenons du caravansérail de Tash-Rabbat, qui m’a laissé étourdie de joie. Le chauffeur, qui maîtrise autant l’anglais que moi le kirghize, s’arrête. Des deux côtés de la route, d’anciens wagons de chemin de fer transformés en caravanes. Une femme vend des bouteilles d’occasion, remplies de je ne sais quoi. De l’essence, ai-je d’abord pensé, me remémorant les bidons d’essence de Bali et Java. Une heure après, je finis par comprendre que nous avons acheté du lait fermenté. J’y trempe à peine mes lèvres. J’ai encore ce goût sûr sur la langue, apaisé pour le souvenir de cette nomade joviale, qui, elle, n’a pas du tout l’impression d’être l’une des dernières représentantes du monde d’hier. De plus en plus de camionneurs Chinois passent sur cette route, et c’est probablement le plus important.

Bishkek, capitale du Kirghizstan, Mai 2014. Une coccinelle achète une gazette dans un kiosque à journaux, alors que d’autres s’en vont acheter de l’électroménager chinois dans des grands magasins à moitié vide. Quelques mètres plus loin, sur le même trottoir, une boutique de luxe organise des live pour attirer le client mais ça n’a pas l’air de marcher… Ici, LVMH a encore quelques efforts à faire…

Bishkek, capitale du Kirghizstan, Mai 2014. Une coccinelle achète une gazette dans un kiosque à journaux, alors que d’autres s’en vont acheter de l’électroménager chinois dans des grands magasins à moitié vide. Quelques mètres plus loin, sur le même trottoir, une boutique de luxe organise des live pour attirer le client mais ça n’a pas l’air de marcher… Ici, LVMH a encore quelques efforts à faire…

Ekaterinbourg, Russie, Septembre 2013. Dans les villes moyennes, ces kiosques sont le seul rappel évident que la société de consommation se développe en Russie, où les supermarchés restent peu visibles. En fait, il nous faudra une semaine pour comprendre que, souvent, les boutiques n’ont pas pignon sur rue. On les trouve dans les cours des maisons, dans les étages des immeubles, en entresol… Combien de fois nous tournerons en rond, cherchant une adresse indiquée par le Lonely Planet, sans jamais trouver la porte du restaurant ou de la boulangerie tant convoitée !

Sur les quais, quelque part sur la ligne du transsibérien, Russie, Septembre 2013. A chaque arrêt en gare, nous nous précipitons donc sur le quai, irrésistiblement attirées par les armoires frigorifiques qui nous font l’effet d’un arbre de Noël. Mais de Moscou à Vladivostok, on n’y trouvera toujours la même chose, pirouchkis rances et biscuits archi secs.

Inde, Mandawa, Novembre 2013. J’arrive à Mandawa à la tombée de la nuit et à peine la moto posée je repars explorer la rue principale de la ville. Les négociants sont, comme souvent, assis au milieu de leurs marchandises, ce qui donne vraiment une impression d’abondance. Pour autant, ils vendent tous la même chose, et ne voit pas souvent le chaland acheter ces petits jouets en plastique rouge ou ces sachets de cacahuètes. Mais va savoir, sur un malentendu…

Shanghai, Octobre 2013. A quelques centaines de mètres de la Place du Peuple, les marchands ambulants ont troqué les statuettes de Mao contre des smileys montés sur ressorts, et les casquettes couleur bleu de travail contre des oreilles de Mickey. Quelques drapeaux rouges se rappellent néanmoins à notre bon souvenir, au cas où nous serions tentés d’oublier que la Chine est encore une Démocratie Populaire. Le merchandising a remplacé les icones, le marketing est la nouvelle propagande.

Paju Book city, Corée du Sud, Octobre 2013. Dans cette ville incroyable, un disquaire qui a tapissé son entrée de vinyles invite également des artistes à peindre. Je me serais bien installée pour toujours entre ces pinceaux, aérosols, colles d’écoliers, CD et guitares. Pour une fois, la profusion de l’offre n’incite pas à acheter pour mieux consommer en solitaire, mais plutôt à partager. Le pays du matin calme, une autre voie vers le collectif.

Sydney, Australie, Février 2014. Ici, même les Burger Kings n’ont pas le même nom que dans les autres pays du Commonwealth. Le sport est une partie inhérente de la culture locale et on voit en Nouvelle-Galle du Sud bien moins d’obèses qu’en Angleterre. Mais là, sur le Pier, aujourd’hui, il semble que Jack ait vraiment eu les yeux plus gros que le ventre.

Sydney, Février 2014. Un minimalisme millimétré, une accumulation ordonnancée, pour cette boutique de cosmétiques née à Melbourne dans les années 1980. On voudrait croire au retour d’une certaine frugalité. Pourtant, l’enseigne porte le nom d’Esope. Ne serait-ce donc qu’une jolie fable ? Le mirage d’un naturel marketé ?